Benjamin MERCURIALI / Janvier 2023
Face à la hausse des prix de l’énergie, la réduction des consommations énergétiques devient un enjeu économique crucial pour les acteurs tertiaires. Quelles solutions côté entreprises ? Souvent très énergivore, le bâtiment est l’un des premiers postes sur lesquels agir. AEGILIM fait le point.
Hausse des prix de l’énergie : quelles sont les causes ?
En hausse continue depuis quelques années, les prix de l’énergie ont atteint ces derniers mois des chiffres record en France et en Europe. Notamment pour les entreprises quels que soient leurs activités.
Plusieurs facteurs expliquent cette hausse brutale des prix du gros du gaz et de l’électricité. Au premier rang desquels la reprise de l’activité économique et industrielle depuis l’automne 2021 post Covid-19. Crise ayant provoqué une demande accrue d’énergie dans un contexte de reconstitution des stocks.
À cela s’ajoute en outre l’augmentation importante du prix du carbone sur le marché européen ETS (80 euros la tonne en décembre 2021, soit une multiplication par 2,4 depuis janvier 2021). Une part importante de l’électricité étant encore produite par des énergies fossiles (35% en 2020) dans l’UE, l’augmentation des prix du gaz, du charbon et du CO2 se répercute sur le coût de production de l’électricité.
Par ailleurs dans un contexte d’augmentation de la demande notamment en hiver, et d’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire français, le phénomène est amplifié. Les centrales au gaz ou au charbon sont appelées en renfort pour compléter la production d’électricité nucléaire qui ne peut être stockée.
La décision de la Russie de réduire drastiquement voire couper l’approvisionnement en gaz russe sur le marché de l’UE durant la guerre en Ukraine a elle aussi entraîné des répercussions sur le cours du gaz. La Russie était le principal fournisseur de gaz naturel de la France (17% de nos approvisionnements) et de l’Europe (45% des importations) après la Norvège.
Hausse des prix de l’énergie : quels impacts sur les entreprises ?
Hausse des prix de vente
Non concernées par le bouclier tarifaire, les entreprises subissent de plein fouet cette hausse des prix de l’énergie :
- Les entreprises ne bénéficiant pas de contrats d’énergie à prix fixe de longue durée (qui ne sont donc pas sécurisées sur la durée)
- Les secteurs industriels ayant un besoin important en énergie pour alimenter leurs locaux et faire fonctionner leurs outils de production (métallurgie, verre, papeterie notamment). De nombreuses entreprises ont été forcées de stopper leur production
- Les petites entreprises (TPE, PME), qui n’ont pas toujours les moyens de supporter une telle hausse au niveau de leurs coûts de production. Ni de bénéficier de l’accompagnement à l’achat ou du service achat qui leur permettrait de limiter l’impact de ces hausses
De nombreuses entreprises n’ont par conséquent pas eu d’autre choix que de répercuter la hausse des prix de l’énergie sur leurs prix de vente aux particuliers ou à d’autres entreprises. Entraînant une hausse de coût supplémentaire. Mais aussi une baisse du pouvoir d’achat des ménages.
Cette solution n’est toutefois pas toujours envisageable. Notamment lorsque les contrats sont déjà établis. Ou si l’augmentation est trop forte pour pouvoir être répercutée sur le prix de vente. Les entreprises doivent alors réduire leurs investissements, ou arrêter temporairement ou définitivement leur activité.
Enjeux dans l’immobilier
Le bâtiment représente près de 18% des émissions nationales en France, les branches commerces et bureaux étant les plus consommatrices. N’oublions pas enfin les data centers ou la logistique, qui sont unitairement d’importants consommateurs. Dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, la consommation des bâtiments tertiaires représente désormais une part significative des charges des entreprises. Dans certains cas, les charges énergétiques peuvent parfois même être supérieures au loyer lui-même.
Au-delà de l’enjeu réglementaire lié à l’entrée en vigueur de nouvelles réglementations, comme le décret tertiaire et la réglementation environnementale 2020 (RE 2020), la réduction des consommations énergétiques du bâtiment devient donc aussi un enjeu économique essentiel pour les entreprises.
En matière de cession et acquisition d’actifs immobiliers, les bâtiments verts « vraiment verts » ou « plutôt sobres » deviennent automatiquement plus attractifs. C’est le cas de ceux disposant de systèmes de chauffage moins énergivores : pompes et réseaux de chaleur. Ou de systèmes d’autoconsommation : éoliennes, photovoltaïques ou mixtes.
A l’inverse, la cession de certains actifs notamment énergivores peut être plus problématique. Pour rappel la loi climat et résilience prévoit dès 2023 l’interdiction progressive de la mise en location des logements “passoires thermiques”. Et le blocage des revalorisations locatives.
Les passoires énergétiques classés F et G du DPE constituent donc la cible prioritaire des politiques publiques de rénovation du parc de logements. Compte tenu du caractère élevé de leur consommation énergétique, et de l’exposition de leurs occupants à des risques de précarité énergétique.
Les biens classés F ou G font ainsi progressivement l’objet de dispositions visant à :
- Imposer la réalisation d’audits énergétiques (pour toutes les ventes de maisons individuelles et bâtiments d’habitation collective en monopropriété à partir du 1er avril 2023)
- Geler l’augmentation de leurs loyers à partir du 25 août 2022
- Interdire à terme leur présence sur le marché locatif via l’exigence d’un niveau minimal de performance qui conduira à considérer comme logements non décents :
- Les logements consommant plus de 450 kWh d’énergie finale par m² et par an à compter du 1er janvier 2023
- Les logements classés G à compter de 2025
- Les logements classés F à compter de 2028
- Les logements classés E à compter de 2034
Il en est de même pour le montage des dossiers de financement de ces actifs, pour lesquels les partenaires bancaires tiennent de plus en plus compte du critère de performance énergétique réelle.
Hausse des prix de l’énergie : quelles solutions ?
Aides du Gouvernement
En 2022, le Gouvernement a mis en place des dispositifs d’aide pour soutenir les entreprises face à la flambée des prix de l’énergie :
- La baisse de la fiscalité sur l’électricité (TICFE) à son minimum légal européen pour toutes les entreprises. Ainsi que le mécanisme d’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) qui permet d’obtenir une part importante de l’électricité à prix fixe plutôt qu’au prix du marché
- L’instauration du bouclier tarifaire pour les TPE de moins de 10 salariés avec un chiffre d’affaires annuel inférieur à 2 millions d’euros, disposant d’un compteur individuel d’une puissance inférieure à 36 kVA
- L’aide au paiement des factures d’électricité pour toutes les entreprises, guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité sous conditions
Ces dispositifs seront reconduits en 2023. Un amortisseur d’électricité sera quant à lui mis en place à compter du 1er janvier 2023, pour toutes les PME non éligibles au bouclier tarifaire.
👉 Tout savoir sur les dispositifs d’aide mis en place.
Privilégier les offres de tarification à prix fixe
Dans le contexte actuel, la sélection d’un contrat de fourniture d’énergie en privilégiant un prix fixe peut être une solution pour réaliser des économies sur les factures de gaz et d’électricité. Dans le cadre de ces offres de fourniture d’électricité, en fonction du moment de l’année où elles sont émises, il convient de regarder en sus la prise en compte du mécanisme ARENH. Il peut permettre de belles économies, en acceptant le risque induit d’écrêtement en fin d’année. Et la volatilité associée.
👉 AEGILIM vous accompagne dans l’analyse de vos offres de fourniture actuelles, la définition de vos stratégies d’achat énergétique et les déploie pour vous. N’hésitez pas à nous contacter.
Réduire les consommations énergétiques des bâtiments
Qualifier si le bâtiment est réglé conformément à ses usages (commissionnement)
Dans un actif tertiaire, les utilisateurs ne sont généralement pas les exploitants du bâtiment. Cette exploitation est confiée à des sociétés de maintenance mandatées soit par l’utilisateur, soit par le propriétaire. S’assurer que le bâtiment a été réglé (horaire de démarrage et d’extinction du chauffage, de la ventilation) conformément à l’usage qui en est attendu est une action simple, peu onéreuse. Permettant de générer rapidement de premières économies d’énergie. Une action qui permet aussi de s’assurer que le bâtiment est bien en « réduit » les jours fériés. Et que des équipements consommateurs ne démarrent pas de manière impromptue.
💡 La mise en place d’une surveillance du commissionnement du bâtiment permet de réduire de 10% la consommation moyenne d’un patrimoine.
Mettre en place une Gestion Technique des Bâtiments (GTB)
Dans un actif tertiaire, les sources de consommations énergétiques sont multiples : chauffage, éclairage, climatisation. Identifier les plus énergivores, suivre les consommations sur la durée avec précision est essentiel. Pour réduire efficacement les consommations. Cette action permet, lorsqu’elle est exploitée, de pousser plus loin les recherches d’économies évoquées. Enfin notons qu’un décret rend obligatoire le déploiement de systèmes de ce type dans les bâtiments disposant de systèmes thermiques d’une puissance supérieure à 290 kW d’ici 2025.
💡 La mise en place d’une gestion technique des bâtiments (GTB) permet de réduire de 20% la consommation moyenne d’un parc de bâtiments.
Agir sur les principaux postes de consommation d’énergie du bâtiment
Les principaux postes à considérer seront :
- Le chauffage, qui représente en moyenne 50% de la consommation d’énergie d’un bureau. Plusieurs solutions sont possibles. Comme limiter les températures à 19°C, délimiter des zones de chauffage, limiter les déperditions thermiques
- La climatisation, qui peut représenter jusqu’à 20% des dépenses énergétiques d’une entreprise
- L’éclairage, qui devra privilégier des éclairages LED, favoriser la lumière naturelle, encourager l’extinction de la lumière dans les pièces inoccupées
- Les équipements électroniques
La mise en place d’actions de sobriété énergétique (réduction de la température moyenne de chauffage, utilisation raisonnée de l’éclairage) est un moyen simple et efficace de réduire sa facture énergétique.
Réaliser des travaux d’isolation et d’efficacité énergétique
Plus onéreuse, la réalisation de travaux d’isolation thermique ou de rénovation énergétique permet d’optimiser efficacement la performance énergétique d’un patrimoine. Certains dispositifs (aides de l’ADEME, certificats d’économies d’énergie, prêt éco-énergie de BPI France, aides locales des collectivités) peuvent permettre de réduire les coûts liés aux actifs tertiaires.
Recourir aux énergies renouvelables
L’augmentation du prix de l’électricité, couplée à la diminution des coûts de production des installations d’électricité renouvelable, rendent intéressante et compétitive la mise en place de systèmes d’autoconsommation.
Qu’il s’agisse de sites industriels, d’entrepôts logistiques, de supermarchés, tous bénéficient généralement de surfaces de toitures. Ou de parkings pouvant être utilisées pour installer un système de production photovoltaïque. Il s’agit d’une solution accessible à beaucoup d’entreprises, permettant de réduire efficacement leur facture.
Au-delà des économies d’énergie réalisées, l’autoconsommation peut aussi permettre à l’entreprise de disposer d’un complément de revenus. En revendant l’électricité produite dès lors qu’elle excède le besoin de consommation. Elle contribue enfin à la transition énergétique, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Et donc le bilan carbone global des organisations.
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Pour améliorer la performance énergétique de bâtiments de façon pragmatique, il convient en conclusion de disposer de son suivi énergétique. Un suivi à croiser avec les données techniques et patrimoniales dudit parc. Et avec les stratégies de détention et d’entretien définies par le propriétaire et/ou l’utilisateur.
Sur ces bases, une première analyse doit permettre d’identifier les leviers d’action disponibles, et les gisements d’économies et moyens nécessaires à leur mobilisation. Dans un second temps, un plan d’action de réduction des consommations doit être déterminé par actif. Mais aussi de façon transverse, par typologie d’action sur l’ensemble du patrimoine à optimiser. Ce plan d’action devra tenir compte des moyens réellement disponibles.
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