Benjamin MERCURIALI / Février 2023
Face à la hausse des prix de l’énergie et la multiplication des contraintes réglementaires, la réduction des consommations énergétiques des bâtiments (électricité, gaz, fioul, bois, etc.) devient une nécessité pour les entreprises et les bailleurs. Le plan d’efficacité énergétique permet de répondre à cet impératif, grâce à une stratégie établie sur mesure et la mise en œuvre d’actions adaptées. Pourquoi et comment le mettre en place ?
Qu’est-ce qu’un plan d’efficacité énergétique ?
L’efficacité énergétique correspond au rapport entre l’énergie utilisée par un système et l’énergie qu’il consomme. Principalement utilisée dans les secteurs du bâtiment et des transports, elle s’appuie sur l’optimisation de la consommation d’énergie afin d’en faire une utilisation rationnelle.
L’objectif du plan d’efficacité énergétique est donc de réduire la consommation d’énergie, tout en conservant a minima le même service final. Pour une entreprise et un bailleur, il doit permettre de réduire les consommations d’énergie, en conservant le même niveau de production ou de service. Sans réduire le confort des collaborateurs.
En pratique, cela passe par la suppression des consommations énergétiques superflues. Mais aussi par l’amélioration de la performance énergétique des équipements et du bâtiment et leur réglage adapté aux usages réels de l’immeuble. Souvent ces actions permettront même d’augmenter le bien-être des collaborateurs. Par exemple grâce à l’installation d’un système de chauffage plus performant.
À l’heure de la sobriété énergétique, quelles différences entre sobriété et efficacité ?
Contrairement à l’efficacité énergétique qui vise à conserver le même service final, la sobriété énergétique vise à questionner le besoin en lui-même. Afin de prioriser les besoins essentiels et ainsi viser une consommation “modérée”. Cela peut impliquer une diminution du service final, et éventuellement du confort.
Sobriété énergétique et efficacité énergétique ne sont pas antinomiques. Elles doivent plutôt être considérées comme complémentaires. La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), feuille de route de la transition bas-carbone en France, les identifie comme deux leviers nécessaires pour atteindre la neutralité carbone en 2050. En plus de la décarbonation de la production d’énergie.
La mise en œuvre d’un plan d’efficacité énergétique est un point de passage obligé pour une entreprise souhaitant s’engager dans une démarche de réduction des consommations de ses bâtiments. Il permet d’augmenter leur performance énergétique. Tout en tenant compte des besoins réels de l’entreprise, de ses moyens et de ses ambitions.
Mise en place un plan d’efficacité énergétique : quels enjeux ?
La mise en place d’une stratégie d’efficacité énergétique du bâtiment poursuit généralement trois objectifs à prioriser en fonction de l’ambition, des contraintes et des moyens financiers de l’entreprise : réduction des coûts, réduction des consommations énergétiques (kW), et diminution des gaz à effet de serre. Pour les bailleurs, il s’agit d’éviter la vétusté anticipée des équipements d’un immeuble (mal réglés ou sur-utilisés).
L’entreprise devra en amont mener une réflexion sur la façon dont elle souhaite concilier ces paramètres. Et l’objectif qu’elle souhaite prioriser. Les actions à mettre en place seront déterminées en conséquence, afin de garantir leur efficacité mais aussi leur pérennité.
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La réduction des coûts
Dans un contexte de hausse brutale des prix de l’énergie, même si l’on observe une baisse sur les marchés de l’énergie depuis décembre 2022, la réduction de la facture énergétique constitue souvent la motivation première à la mise en place d’un plan d’efficacité énergétique des bâtiments.
Pour une réduction rapide des coûts liés à l’énergie, ce plan se concentre prioritairement dans un premier temps sur les actions les moins coûteuses. Ce qui ne signifie pas inefficaces.
Certaines actions simples et rapides, telles que la suppression des consommations inutiles, la mise en place d’un éclairage plus économe, le déploiement d’horloge de fonctionnement peuvent déjà permettre de générer des économies significatives. Ou encore l’augmentation de la durée de vie des équipements via un plan d’exploitation et une maintenance proactive.
Le plus important pour ces premières actions est de se doter des moyens de les identifier facilement.
La réduction de la consommation énergétique (kilowatts consommés)
Pour réduire la consommation énergétique des bâtiments dans la durée, le plan d’efficacité énergétique doit envisager à moyen terme des solutions permettant plus globalement d’optimiser les consommations. Et non uniquement de les réduire dans l’immédiat. En plus des actions susmentionnées visant des économies financières rapides. Cela passe entre autres par la mise en place d’équipements plus efficients d’un point de vue énergétique. Et donc la mise en place d’un plan de renouvellement pragmatique des équipements et éléments d’enveloppe adaptés.
Enfin, par une réflexion relative au déploiement de solutions de production d’énergie locales et notamment photovoltaïques.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre
Générant à lui seul près de 23% des émissions de gaz à effet de serre nationales (GES, chiffres publiés par le Gouvernement en octobre 2022), le secteur du bâtiment fait partie des plus énergivores. En conséquence, il s’agit également de l’un des premiers secteurs pour lesquels des contraintes réglementaires fortes sont mises en place. À l’instar du décret tertiaire et carbone qui imposent une réduction drastique des consommations énergétiques des bâtiments dans les prochaines décennies. Pour de nombreuses entreprises, l’enjeu réglementaire devient incontournable.
À la différence de l’approche priorisant la diminution des kilowatts consommés, la réduction des émissions de gaz à effet de serre nécessite de prendre en compte de nombreux autres paramètres. Tels que les risques de fuites de fluide frigorigène, la provenance. Et la composition des différents matériaux constitutifs de l’ouvrage, ainsi que leur poids carbone.
L’entreprise doit aussi s’interroger sur les possibilités de recourir à des énergies non émettrices de CO2. Par exemple via la mise en place de dispositifs d’autoconsommation fonctionnant aux énergies renouvelables. Au stade de la conception de l’immeuble, la localisation sera un enjeu important. Dans le sens où les émissions de CO2 dépendent directement du mix électrique du territoire où l’immeuble est implanté.
À noter : l’application RTE-éCO2mix permet de bénéficier de données en temps réel sur la consommation et la production d’électricité en France. À l’échelon national mais aussi régional. Elle permet de s’informer sur les disparités régionales en termes de mix électrique (part d’énergies renouvelables). Au-delà des économies financières, la mise en place d’un plan d’efficacité énergétique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre permet à l’entreprise de gagner en compétitivité. Mais aussi de réduire ses risques climatiques, et d’améliorer son image de marque pour attirer les investisseurs.
Comment mettre en place un plan d’efficacité énergétique ?
Réaliser un bilan des consommations énergétiques et définir sa stratégie
De l’aspect fondamental du suivi énergétique et de la maitrise de la data réelle. La première étape est de faire un bilan des consommations énergétiques actuelles du bâtiment ou parc de bâtiments. Et un état des lieux des possibilités de suivi de chacun d’eux. Si la seule source d’information est une facture, il ne sera pas possible d’identifier la même chose qu’en accédant à la courbe de charge du point.
L’objectif : repérer les postes et équipements les plus énergivores. Afin d’analyser la performance énergétique du bâtiment et de repérer les périodes de consommations ne correspondant pas à des périodes d’utilisation.
C’est également le moment d’effectuer une analyse détaillée des besoins réels de l’entreprise, de ses ambitions et contraintes. Afin de définir et de dimensionner les actions à mettre en place par la suite.
Déployer et suivre les actions d’efficacité énergétique
En phase de conception du bâtiment
La phase de conception, de construction et de restructuration d’un immeuble est le moment idéal pour prendre en compte la question de l’efficacité énergétique. En effet les matériaux employés pour sa construction, l’isolation, le type d’énergie utilisée, la localisation de l’immeuble, ou le type de systèmes (chauffage, ventilation) détermineront sa performance future. Ainsi que ses émissions de CO2.
Cette réflexion est par ailleurs incontournable face aux nouvelles réglementations.
Rappelons que la RE 2020 vise à diminuer l’empreinte carbone des bâtiments neufs. Ainsi les bâtiments concernés doivent respecter des résultats minimaux en termes de consommations d’énergie et d’impact carbone. Ces nouvelles exigences s’appliquent depuis le 1er juillet 2022 aux constructions de nouveaux bâtiments de bureaux.
En phase d’utilisation du bâtiment
Pour les bâtiments existants, on peut distinguer les actions de court-terme. Généralement peu coûteuses et moins contraignantes. Et les actions de long terme, plus onéreuses mais nécessaires dans le cadre d’une stratégie d’efficacité énergétique. Visant une réduction importante des kilowatts consommés et des émissions de gaz à effet de serre.
Parmi les actions de court-terme :
● mise en place d’un suivi énergétique
● repérage et la suppression des consommations inutiles à l’aide d’outils de comptage et de suivi
● réduction des consommations (limitation du chauffage à 19°C, extinction des éclairages la nuit)
● déploiement de systèmes de pilotage et de régulation énergétique conformément au décret BACS (Building Automation & Control Systems) publié au Journal Officiel du 21 juillet 2020. Par le biais d’une part d’outils de régulation simples mais bien choisis (horloge, contact de feuillures…). Et d’outils digitaux tels qu’une GTB (Gestion Technique de Bâtiment) ou une GTC (Gestion Technique Centralisée). Afin de piloter le chauffage, l’éclairage ou a climatisation sur un même site. Evidemment, pour que ces systèmes de régulation et de gestion apportent un gain en terme d’efficacité énergétique, ils doivent être utilisés. Et servir à adapter le fonctionnement des équipements aux besoins
● sensibilisation des collaborateurs aux écogestes (abaisser la température du chauffage, limiter les impressions, privilégier l’extinction des ordinateurs à la mise en veille)
Les actions de moyen-terme comprendront de leur côté :
● l’installation de systèmes plus performants (chauffage, ventilation, éclairage)
● la mise en place de solutions de production d’énergie en autoconsommation. Grâce à l’installation de dispositifs de production d’énergie fonctionnant aux énergies renouvelables (chaufferies biomasse, panneaux photovoltaïques, ombrières sur les parkings)
Enfin, du côté des actions de long-terme :
● réalisation de travaux de rénovation thermique visant une meilleure isolation du bâtiment
● installation de solutions de protection bioclimatiques
L’ensemble de ces actions devront être suivies dans le temps afin de garantir leur efficacité.
Par ailleurs, c’est en phase de gestion qu’il revient de s’adapter aux évolutions règlementaires applicables aux bâtiments existants. Actuellement, entre dispositif éco énergie tertiaire, décret BACS, loi LOM, la récente loi relative à l’obligation de solariser les parkings les plus grands, propriétaires et gestionnaires de bâtiments ont de nombreuses obligations règlementaires et calendriers à respecter.
Il convient donc de bien réfléchir à la manière d’ordonnancer son plan d’action.
Conclusion
La mise en place d’un plan d’efficacité énergétique en entreprise est une démarche complexe et sur mesure. En fonction des objectifs recherchés par l’entreprise, des actions spécifiques doivent être mises en oeuvre. Elles doivent viser à la fois une réduction des consommations d’énergie et des coûts, mais aussi la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Inévitable dans un contexte de transition écologique et de décarbonation rapide du secteur du bâtiment.
Face à la multiplicité des paramètres à considérer, la définition d’une stratégie d’efficacité énergétique nécessite un accompagnement par des experts disposant à la fois d’une compétence technique et immobilière. Ils seront à même de prendre en compte l’ambition du gestionnaire, ses moyens financiers mais aussi les contraintes notamment réglementaires.
Pour autant, rien ne vous empêche de démarrer vos recherches d’économies en utilisant les premiers moyens simples d’identification. Tels que l’analyse de vos contrats de fourniture d’énergie. Ou la superposition de vos appels de puissance énergétique avec vos horaires de fonctionnement.
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